Par une nuit obscure,
enflammée d'un amour plein d'ardeur,
ô l'heureuse aventure,
j'allai sans être vue,
sortant de ma maison apaisée.
Dans l'obscur et très sûre,
par l'échelle secrète, déguisée,
ô l'heureuse aventure,
dans l'obscur, en cachette,
ma maison désormais apaisée.
Dans cette nuit heureuse,
en secret, car nul ne me voyait,
ni moi ne voyais rien,
sans autre lueur ni guide
que celle qui en mon coeur brûlait.
Celle-ci me guidait,
plus sûre que celle de midi
au lieu où m'attendait,
moi, je savais bien qui,
en un lieu où nul ne paraissait.
Ô nuit qui a conduit,
ô nuit plus aimable que l'aurore,
ô nuit qui as uni
l'ami avec l'aimée,
l'aimée en son ami transformée.
Contre mon sein fleuri
qui entier, pour lui seul, se gardait,
il resta endormi,
moi je le caressais
et l'éventail des cèdres l'éventait.
La brise du créneau,
quand mes doigts caressaient ses cheveux,
avec sa main légère
à mon cou me blessait
et tenait en suspens tous mes sens.
M'oubliant, je restai
le visage penché sur l'ami.
Tout cessa, je cédai,
délaissant mon souci,
parmi les fleurs de lis oublié.
Jean de la Croix
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RépondreEffacerLes tourbillons du jour nous empêchent souvent de nous retrouver, de nous recueillir. Seule la lumière alors est sécurisante. Sans anticiper, ni espérer la nuit, je l'accueille. C'est quand même là que je vis mes grands moments de prières, de remerciements, et surtout, mes grands moments d'amour pour les miens. Paradoxale, mais heureuse aventure... rassurante en plus. Merci Marguerite de me permettre d'oser le dire. Ô douce nuit obscure !
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