Quand viendra le printemps, à la recherche de sa bien-aimée dans les bosquets assoupis et dans la somnolence des vignes, la neige fondra, certes, et s'écoulera en torrents pour rejoindre la rivière dans la vallée et offrir une coupe de fraîcheur au myrte et au laurier.
De même fondra la neige de votre coeur quand votre Printemps sera là, et votre secret s'écoulera lui aussi en torrents cherchant dans la vallée la rivière de la vie. Et la rivière rendra votre secret au sein de la mer immense.
Toute chose se dissoudra et deviendra chant lors des noces du Printemps. Même les étoiles, ces gros flocons de neige qui tombent lentement sur l'étendu des champs, fondront dans la mélodie des ruisseaux.
Quand le soleil, le visage du Printemps, apparaîtra au-dessus du large, quelle harmonie glacée refusera de s'égoutter en mélodie fluide? Et qui parmi vous ne souhaiterait offrir une coupe au myrte et au laurier?
Extrait d'un texte de Khalil Gibran, L'oeil du prophète
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