mercredi 9 décembre 2009

Retour... entre mer et éther



















Hier encore vous voguiez sur la mer mouvante où vous vous sentiez sans rivage et sans corps. Et voilà que le vent, souffle de la Vie, tissa un voile de lumière et le posa sur son visage, puis vous prit dans ses mains et vous pétrit jusqu'à en former un corps. Et la tête élevée, votre regard scruta les hauteurs.

Mais la mer vous réclamait et son chant résonnait encore en vous. Et bien que vous ayez oublié les liens qui vous unissent à elle, la mer revendiquera toujours son titre de mère et vous appellera à jamais vers elle.

Lors de vos errances dans les montagnes ou dans le désert, vous vous souviendrez toujours de la profondeur et de la fraîcheur de son coeur. Et bien souvent vous prétendiez l'ignorer, c'est à sa paix large et rythmée que vous aspiriez.

Et comment peut-il en être autrement? Dans le berceau de verdure, quand la pluie danse dans les feuillages ou la neige tombe en bénédictions et en alliance; dans la vallée, lorsque vous menez vos troupeaux à la rivière; dans vos champs, où le ruisselet aux méandres argentés strie les étendues verdoyantes; dans vos jardins, où Eden se mire dans la rosée du matin; dans vos prés, quand la brume du soir voile à demi votre chemin:

En tous ces lieux, la mer est avec vous, témoin de votre héritage. Elle implore votre amour.

Il est en chacun de vous ce flocon de neige qui regagne la mer et cette larme qui rejoint les éthers.

Extrait d'un texte de Khalil Gibran, L'oeil du prophète

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